Aidrian avait passé une mauvaise nuit. La veille, elle et son mari s'étaient un peu disputés et la jeune femme avait passé la soirée dehors, au téléphone avec Los Angeles. Elle était rentrée tard et s'était allongé à côté de son mari sans un mot ni un baiser. Ce matin, la blondinette s'était donc levée un peu avant son mari, avait prit sa douche pendant son réveil, puis ils avaient déjeuné avant qu'elle ne s'en aille pendant que lui filait sous la douche. Peu de mots échangés, un ton plutôt froid, peu de contacts, un baiser rapide avant de partir puis basta. En clair, ils n'en avaient pas reparlé et elle ne savait pas si elle devait encore faire la tête, lui parler, ou faire comme-ci rien ne s'était passé. Voulant s'enfuir au plus vite de la maison pour ne pas avoir à affronter ça, elle avait même enfilé les premiers trucs qui lui passait sous la main. Un jean bleu, un dos nu cintré noir, une veste en cuir blanche et des bottes de couleur noire... Enfin bon, laissons les problèmes de couple à la maison et revenons en à nos problèmes actuels : le travail.
Aidrian avait actuellement deux projets en cours. Une grosse convention portant sur le film et les séries Stargates (sans oublier tout ce qui en a découlé jusqu'à présent) et un projet d'étudiant en école de danse. Le premier projet était prévu pour dans quatre mois et il restait encore tellement de travail qu'elle était sûre de craquer avant la fin et de passer un dernier mois infernal à tout mettre en place. Le second était prévu pour dans un mois et rien de rien n'était encore fait. Elle devait avoir son premier rendez-vous de réunion aujourd'hui avec la jeune étudiante pour savoir ce qu'elle voulait exactement.
C'est pourquoi, elle avait rendez-vous à onze heures dans un petit café de la Piazza Lima. Elle avait décidé d'y passer toute la matinée, pouvant travailler sur son autre projet en attendant, sans passer au bureau. Connecté en vidéo conférence, la jeune femme était installée à la terrasse du café, les écouteurs dans les oreilles et le smartphone face à elle pour pouvoir voir et être vu de son interlocuteur.

« Arthur, mi amor, je sais que tu fais ton maximum, mais il va falloir faire mieux mon chou. Si je suis obligé de téléphoner moi-même ou même de venir à Los Angeles pour obtenir quelque-chose, tu sais ce qu'il va advenir de ton contrat ! Si tu passais plus de temps à tenter de convaincre l'agent d'Anderson qu'à faire le tour des bars gay, on gagnerait un temps fou ! »

Il lui répondit qu'il savait bien, mais qu'il était incorrigible. La blonde allait répliquer, mais son interlocuteur la coupa pour lui dire qu'il avait une superbe occasion à ne pas louper pour faire un coup de maître et la rendre fière de lui. Il lui souhaita donc une bonne journée en Italie, puis coupa la communication, sans lui laisser le temps de lui dire au revoir.
Soupirant, Aidrian reposa son téléphone sur la table, sous le regard intrigué des autres clients. Toute leur conversation s'était - bien entendu - déroulé en anglais et les italiens ne semblaient pas avoir l'habitude d'entendre une longue conversation dans cette langue qui avait - jusqu'à récemment - toujours été celle de la blondinette. Elle attrapa le café qu'elle avait commandé un peu plus tôt et en bu une longue gorgée. Au soleil, la jeune femme commençait à avoir légèrement chaud. Elle ôta donc sa veste avant de regarder l'heure. Onze heures moins le quart.

Elle n'eut pas à attendre longtemps, c'est le moins que l'on puisse dire, puisqu'en effet, la jeune femme arriva avant l'heure choisi. Tant mieux ! S'il y avait bien une chose qu'Aidrian détestait au travail, c'était le manque de ponctualité. Comment réclamé de partir à l'heure pile de la fin de sa journée quand on est arrivée en retard le matin même ? Enfin, autant dire que dans sa profession, la blondinette était bien malheureuse. Le jour où vous trouverez une star arrivant à l'heure à une soirée, faites lui signe. Enfin !

« Oui, je suis bien Aidrian McCaleigh », répondit la blondinette en hochant la tête et en serrant la main de la jeune étudiante. « Enchanté de faire votre connaissance mademoiselle Lanarda. Comment allez-vous ? »

Elle observa la jeune blonde s'asseoir et commander un cappuccino, puis prit son sac pour en sortir un bloc-note et plusieurs stylos. Il y en avait un rouge, un noir et un bleu. Elle sortit également deux surligneurs (un jaune et un rose). Ca faisait peut-être très scolaire, mais au moins elle pouvait travailler de manière claire ainsi. En rouge, elle indiqua en haut de la feuille le thème de ses notes « PROJET DE DANSE DE JULIA LANARDA ». Tout en faisant cela, elle expliqua à la jeune femme, son accent irlandais ressortant étrangement plus que d'ordinaire après la longue conversation en visio-conférence et en anglais :

« Bien, tout d'abord, sachez qu'en temps normal, nous nous serions vu dans mon bureau à l'agence et nous aurions fait exactement le même travail que nous allons faire aujourd'hui. La différence entre un entretien normal et un entretien avec vous ne tiens donc qu'à une histoire de cadre de rendez-vous. J'ai pensé que vous seriez plus à l'aise ici que dans un formel comme nos autres clients en ont l'habitude. Ensuite, nous allons collaborer sur chaque phases du projet. Je vous tiendrais informé des moindres détails, mais je veux qu'en contrepartie, vous me parliez de chaque idée ou de chaque changement avant même de les faire. C'est très important que je sois toujours au courant de tout. Votre projet devant se dérouler dans un mois, nous aurons beaucoup de travail pour très peu de temps alors je vais devoir vous demander des réponses très rapidement quand je vous poserais des questions. »

Aidrian posa le stylo rouge et prit un bleu. Elle prit sa tasse dans son autre main et bu une nouvelle gorgée avant de reposer la tasse et de placer son smartphone à sa gauche.

« Pour commencer, je voudrais savoir tout ce que vous avez en tête. Dates et horaires envisagés, activités que vous voudriez proposer ce week-end là, invités que vous aimeriez et toutim ! Je tiens avant à vous préciser que nous pourrons inviter quasiment n'importe qui, dépendamment bien sûr de la qualité de votre week-end. Mais inviter une personne ne veut pas dire qu'elle acceptera de venir, même si cette personne a toujours été ravie de notre travail. »

Mieux valait le préciser, vu qu'en organisant l'anniversaire d'une gosse de riche, une fois, l'un de ses collègues avait reçu les pires menaces lorsqu'il avait révélé à la capricieuse gamine que son idole avait décliné l'invitation. Mieux valait que les choses soient claires dès le début.
La jeune femme avait attaqué directement sur le boulot. D'ordinaire, elle était plus gentille et préférait d'abord discuter un peu avec la personne pour comprendre son fonctionnement et arriver plus facilement à communiquer avec elle, mais aujourd'hui, elle voulait se plonger dans le travail, pas parler de la pluie et du beau temps.

Aidrian écouta attentivement les réponses de la blondinette tout en notant sur son bloc les choses importantes dans la réponse de Julia Lanarda. Elle ne fut pas vraiment étonnée de la précision dans la réponse de la blondinette quand à sa vision de la journée en elle-même, ni même du travail qu'elle avait accompli pour récolter les numéros des compagnies de danse. C'était le minimum que devait faire un étudiant, le maximum qu'il pouvait avant d'avoir rencontré pour la première fois son conseiller en évènementiel. Bien sûr, tous ne le faisait pas, mais les étudiants un tant soit peu consciencieux le faisaient tous... mais peu le mettaient sur papier pour donner leurs idées par écrit à leur conseiller.
Aidy prit la feuille et la lu rapidement. Les notes prises quand au week-end étaient identiques aux siennes et les numéros et bien... son carnet d'adresse en possédait encore plus et des plus prestigieux. Elle rendit donc la feuille à la blondinette, puis écrivit « +++ » dans la marge avant de le surligner en rose.
L'irlandaise avait laissé la jeune femme lui donner toutes les informations qu'elle avait en tête avant de prononcer le moindre mot. Ce fut d'ailleurs la jeune Lanarda qui lui permit de parler de nouveau lorsqu'elle lui avoua n'avoir aucune idée pour le lieu. Aidy sourit.

« Nous avons plusieurs possibilités pour le lieu. Cela dépend de plusieurs facteurs. La date de l'évènement, le nombre de personnes prévus, la place nécessaire pour chaque activités et bien évidemment, les facteurs externes comme la disponibilité des lieux et la météo. Il faut penser à tout ça lorsqu'on choisit un lieu. »

Le choix du lieu était souvent d'une importance capitale lors de ces événements, tant au niveau du regard porté par le public que pour l'organisation. Chaque lieu nécessitait un décor, une organisation différente. Tout était dans l'art de choisir cela.
L'irlandaise était vraiment ravis que la jeune blonde annonce qu'elle ferait les démarches auprès des studios. Le faire seule serait excellent pour son évaluation scolaire. La note n'en serait que meilleure pour la prise d'initiative et le professionnalisme porté au projet.

« Lorsque vous vous adresserez aux compagnies, n'oubliez pas de préciser que vous êtes en collaboration avec notre agence et donnez leur mon numéro. Vous allez vous présenter comme une étudiante les appelant dans le cadre d'un projet, leur montrer que celui-ci est sérieux et qu'il est suivit de près par des professionnels qualifiés les rassureront beaucoup. Contactez-moi ensuite pour me donner les coordonnées des compagnies que vous voulez le plus. Je vous ferait parvenir d'autres numéros, des studios travaillant avec nous depuis longtemps, si vous voulez. »

Une fois le contact établi par elle, le mieux était de laisser les agences venir à mademoiselle Lanarda, mais parfois, l'agence devait rappeler les compagnies pour leur donner la dernière information rassurante qui leur permettrait d'accepter de venir. Cette information étant bien souvent la preuve qu'il serait payer comme il se doit et qu'une agence de professionnels y veillerait.

« Au fait, comment financez-vous le projet et avez-vous un montant minimum d'assuré ? »

Un projet de cet envergure n'était bien évidement pas gratuit et les écoles rechignaient assez à donner l'argent nécessaire comme ça. Il fallait donc qu'Aidrian sache précisément combien ils avaient par l'école et combien ils devraient trouver ailleurs pour mener à bien l'entreprise.